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Pommes d’amour : tout ce que vous avez toujours voulu savoir (ou presque).

24 février 2010

Une jolie pomme d'amour, dommage si vous ne pouvez pas la voir.Il est apparu évident que de nombreuses personnes atterrissent sur ce blog en quête de pommes d’amour. Ok, on est là pour parler de culture, pas de cuisine, mais puisque finalement on y fait de tout et surtout n’importe quoi, y compris du sport, et que visiblement WordPress est un peu chiche sur cette question passionnante tandis que Wikipédia est proprement indigente sur le sujet (en revanche, si vous voulez en savoir plus sur les pommes tout court…), amis internautes et gastronomes, je me dévoue, je cède à la pression populaire, et je vais essayer de vous donner ce que vous cherchez si désespérément.

1. Les pommes d’amour, c’est hyper bon.

Ou, « en guise d’introduction, laissez-moi vous raconter un peu ma vie, mais après c’est promis, il y aura de vraies informations sur ce sujet qui nous concerne. »
Ma fascination personnelle pour cette délicatesse alimentaire remonte à très loin, aux automnes de mon enfance rouennaise et à l’événement annuel que constitue la foire Saint-Romain (plus ancienne foire de France, même si le King et le Sweety n’ont plus grand chose à voir avec les traditions médiévales – d’après Wikipédia, c’est aussi la deuxième plus grande fête foraine de France. La classe¹). Je peux me tromper, mais je crois que je n’avais pas droit aux pommes d’amour quand j’étais petite. En même temps, je ne sais pas trop comment j’aurais pu en manger avec des dents de lait… Puis j’ai eu droit de goûter et je vous le dis tout net, je suis tombée amoureuse. J’ai toujours aimé les pommes (ben oui, Normandie born and bred, ça a des conséquences), mais avec l’ajout de la couche de caramel, c’est juste à tomber par-terre (évitez, les quais de Seine sont dégueulasses et souvent détrempés). Puis a suivi une période d’intense frustration, celle que nous avons pratiquement tous connue : les années d’orthodontie. Croquer une pomme à pleines dents quand on porte un appareil, c’est déjà déconseillé, alors quand le fruit défendu est enrobé d’une couche solide de caramel collant, je ne vous en parle même pas. Retour à la case départ et la contemplation languissante de cette merveille de rondeur vermillonne.
Je ne sais pas pourquoi, mais le fait est que la pomme d’amour est pour moi exclusivement associée à la foire, et je n’en mange jamais ailleurs ni à un autre moment de l’année (alors que ce ne serait pas si difficile, finalement).

La Foire Saint-Romain, Rouen (nuit).

Toutes ces lumières, comme c'est beau !

2. Une pomme d’amour, qu’est-ce que c’est ?

Au fond, c’est tout simple, c’est une pomme embrochée sur un bâtonnet de bois et enrobée de caramel rouge (ou de chocolat, mais personnellement je considère cela comme une hérésie : l’association pomme-chocolat marche très bien en fondue, pourquoi priver la pomme d’amour de sa couleur, et donc de sa définition ?). Pour ceux qui ne connaîtraient pas, je précise que le caramel en question n’est pas la version au beurre salé (que j’aime également d’amour tendre, mais ce n’est pas le sujet) ni la version Carambar (qui n’est pas celle que je préfère) : il s’agit d’une version extrêmement simple de la confiserie, sucre fondu et coloré en rouge. Selon les versions, on peut y ajouter du beurre, de la vanille, de la cannelle… Un jour, un ami m’a fait goûter des bonbons composés exclusivement de ce caramel dur et rouge, et c’était super bon, mais je n’ai jamais su où il les avait trouvés. Damn.
La pomme est souvent une Golden, dont la chair délicatement parfumée se marie bien avec la saveur plus forte du caramel. Certains recommandent des pommes au goût plus prononcé comme une Granny Smith ou une Fuji, mais je suis à peu près certaine que la plupart de celles que j’ai mangées étaient des Goldens.

3. À part à la foire Saint-Romain, où trouver des pommes d’amour ?

On en trouve dans la plupart des fêtes foraines, mais aussi dans les baraques à confiserie. Pour les faire chez soi, je vous ai trouvé une recette (merci Google) qui a l’air toute facile – ça s’adresse aux enfants, mais pourquoi les grands n’y auraient-ils pas droit aussi ? Personnellement, j’aimerais bien essayer. C’est ici.

4.  La Pomme d’Amour, un Mystère Insoluble ?

Et maintenant, la question qui vous tient éveillés la nuit, je n’en doute pas, et qui vous ont conduits par dizaines sur mon injustement célèbre Mood de Novembre (je le reconnais humblement et c’est pourquoi, ami blogonaute, j’ai rédigé cet article pour toi, de mes petites mains délicates) : la pomme d’amour, d’où ça vient ? En voilà une question qu’elle est bonne ! Franchement, les informations manquent un peu. Déjà, le terme de pomme d’amour désigne aussi la tomate, ainsi que le fruit toxique du pommier d’amour (Solanum pseudocapsicum), un arbre originaire d’Amérique du Sud (c’est pas moi qui le dit, c’est Wikipédia). Genre, j’y connais quelque chose en botanique…

Nos amis anglophones faisant un peu mieux les choses, étudions la question du point de vue de la candy apple (ou encore toffee apple). D’après leur Wikipedia, les pommes d’amour seraient nées au début du XXe siècle dans le New Jersey : William W. Kolb, confiseur de son état, préparait ses bonbons (probablement proches de ceux décrits plus haut), et il a eu l’idée géniale de tremper des pommes dedans – fallait y penser ! Le nom anglais est en fait très simple : c’est une pomme-bonbon. Une fois arrivée en France, j’imagine que le terme de pomme d’amour jusqu’ici associé à la tomate a été transféré à la confiserie, qui lui ressemble par la forme et la couleur, et se trouve être tout particulièrement délicieuse.

5. La pomme d’amour dans l’art, la littérature et l’imaginaire collectif.

Ou qu’est-ce qui pourrait bien vous intéresser d’autre, et accessoirement comment justifier cet article auprès des autres casse-couilles ?
La pomme est le fruit défendu, c’est bien connu : ce fruit s’appelle malus en latin, donc quand il a fallu préciser la nature du Fruit de la Connaissance, bim ! c’est tombé sur elle, l’association entre le fruit et le mal était toute vue, merci saint Jérôme. La pomme a parfois naturellement cette couleur rouge si attrayante, si prometteuse (notamment les Royal Gala, souvent décevantes en réalité, ou les Boskoop – spéciales, mais j’adore !), symbole de la passion, couleur de l’amour, de la tentation, donc du péché. Ça tombe plutôt bien, non ? Alors si on renforce de manière artificielle l’aspect si appétissant du fruit, l’association ne peut qu’être renforcée.
Le terme de pomme de la connaissance aurait sans doute été très valorisant pour cette confiserie, mais mensonger, au fond, et pas forcément très vendeur non plus. Et puis il y a la mignonne histoire de la tomate de Marmande (que vous trouverez ici), qui est peut-être à l’origine du terme.
Par honnêteté intellectuelle (et un peu aussi parce que j’ai grave la flemme, mais surtout parce que je suis honnête), je vous signale l’analyse assez complète de la symbolique de la pomme dans l’histoire et la culture sur Wikipédia.

Neil Gaiman, Smoke and Mirrors, Headline, 2000Neil Gaiman, dans « Chivalry », la première nouvelle du recueil Smoke and Mirrors, décrit la Pomme du Jardin des Hespérides que Galahad offre à la vieille dame (j’ai oublié son nom) en échange du Graal comme la Pomme de Vie (Apple of Life), et elle ressemble furieusement à une pomme d’amour.

Là comme ça, c’est tout ce qui me revient, mais si vous avez d’autres exemples de pommes d’amour dans la culture, faites m’en part dans les commentaires et mon article n’aura pas l’air complètement hors-sujet !^^

J’espère que cet article aura satisfait les amateurs de pommes d’amour qui ont atterri sur le trompeur mood de Novembre, et qu’à partir de maintenant, plus personne ne restera sur sa faim !
Si en plus des pommes d’amour vous aimez la musique, la bande-dessinée, le cinéma, les séries ou un certain nombre de trucs de geek, vous trouverez peut-être votre bonheur sur Culture’s Pub car il y a un peu de tout ici !

Notes

1. Je n’ai vraiment pas l’habitude de considérer que Rouen a la classe sur autre chose que son architecture ou son histoire – dont on m’a abondamment rebattu les oreilles durant ma scolarité. Ça me fait tout drôle, dites-donc.

12 commentaires leave one →
  1. Makuchu permalink
    24 février 2010 08:18

    Merci pour cet article très complet qui j’espère assouvira la curiosité de la horde de visiteurs attirés par les sucreries … (ce que je comprends bien :))

  2. Lib permalink
    24 février 2010 09:14

    Il va falloir que tu m’emmènes à la foire Saint Romain un de ces quatre, parce que je n’ai jamais mangé de pomme d’amour, moi.

  3. Syracuse Cat permalink
    24 février 2010 12:36

    Quoi !? Tu n’as jamais mangé de pomme d’amour ? Mais, mais, ça ne va pas, ça n’est pas possible, c’est inacceptable ! Réserve un week-end en novembre prochain, et je te traîne de force dans la froidure et le vent au milieu des manèges pour réparer ce manque désastreux à ta culture gastronomique !

    • Lib permalink
      24 février 2010 13:08

      Je savais que je pouvais compter sur toi !! Mais avant d’en prendre une entière, je goûterai la tienne – j’ai quand même peur que ce soit un peu trop sucré à mon goût… t’en penses quoi ? Toi qui commences à me connaître (presque) aussi bien que ma mère :p

      • Syracuse Cat permalink
        24 février 2010 13:17

        C’est pas si sucré que ça parce que la proportion de sucre par rapport à la pomme est relativement faible : c’est juste en enrobage de quoi ? 2 mm ? Après, le meilleur c’est le bout, là où le caramel est plus épais. Et bien sûr c’est meilleur si la pomme est bonne, ce dont on ne peut jamais être sûr avant d’essayer.

  4. 25 février 2010 09:52

    C’est grâce à l’alerte Google (histoire et fête médiévale) que j’ai pu, avec enchantement, connaître votre site. Merci à vous pour l’ histoire de la pomme d’amour. Depuis toute petite, je me suis posée la question « Quelle est sa recette » ?. Je l’ai imprimé tout simplement…
    Votre blog est géniale, je reviendrai.

    • Lib permalink
      25 février 2010 10:42

      Merci pour ces gentils mots – nous t’accueillerons toujours avec plaisir !

    • Syracuse Cat permalink
      25 février 2010 11:06

      *Essaye désespérément de faire en sorte que sa tête puisse continuer à passer par les portes. Échoue lamentablement. Se trouve bien punie de son orgueil en étant condamnée à passer le reste de ses jours dans son bureau.*

      Morale de cette histoire : Carla Caso, il ne faut pas dire des choses comme ça, après les conséquences sont terribles^^ Mais merci beaucoup, du fond du cœur.

  5. 17 mars 2010 21:07

    Curieux… Je suis, depuis toujours, un grand amateur des pommes. J’avoue que ma préférence va plutôt aux belles pommes vertes légèrement acides et si rafraîchissantes, même si je ne dédaigne pas les autres catégories. Et pourtant, malgré le fait que je sois un sugar addict tout ce qu’il y a de plus junkie, je n’ai jamais réussi à adhérer au concept des pommes d’amour.

    Je me souviens enfant, de ce désir pressant de mordre à pleines dent dans ces pommes éblouissemment rouges ! Mais c’était tellement collant, ça vous dégoulinait de partout, la pomme, ensuite. Et surtout, à mes yeux furieux d’enfant, c’était une tromperie, une ruse pour vous faire manger une pomme. L’extérieur n’était qu’une illusion ! Et l’ensemble n’était pas une sucrerie comme il le promettait mensongèrement, mais une simple addition de pomme + fine couche de liquide sucré figé.

    Bref, mon âme d’enfant n’a jamais pu trouver satisfaction dans les pommes d’amour, même si je continue d’admirer leur esthétique, et qu’il n’y a rien de plus sexy qu’une belle femme qui mord une pomme d’amour…

  6. 2 août 2011 09:26

    Un petit lien vers une page qui cite cet article – Syracuse, c’est la gloire ^^
    http://www.scoop.it/t/sweets-addiction/p/329600785/pommes-d-amour-tout-ce-que-vous-avez-toujours-voulu-savoir-ou-presque

    • 2 août 2011 18:29

      Dire qu’il me fallait ça pour remettre les pieds ici. Comme c’est petit de ma part. Comme c’est habile de la tienne !

  7. 17 avril 2014 01:32

    La pomme d’amour me fait penser au bonbon « Dragibus », ça colle aux dents. C’est désagréable, tu parles « d’un plaisir »? Un peu comme le piment, ça t’arrache la gueule, la bouche en feu, bonjour les Papilles. Un bon produit se mange au naturel, là les saveurs explose en bouche. On garde en mémoire des souvenirs gustatifs, les plaisirs simples sont souvent plus goûteux. Je préfère un pâté artisanal, qu’un foie gras, beaucoup moins cher et plus de parfums.

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