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Expo : Rêves de laque, le Japon de Shibata Zeshin au Musée Cernuschi

13 avril 2012

Vous vous en doutez, je commence à passer un temps conséquent dans des musées … Ayant vu il y a quelques temps l’exposition au Musée des Arts Premiers (Quai Branly) sur les armures japonaises, et avec mon boyfriend cultivé sous le bras – quand on cherchait quelle expo aller voir ce jeudi, le musée Cernuschi et son exposition du moment m’ont paru être un choix fort judicieux.


Je l’ai déjà dit à de nombreuses reprises, si j’y suis sensible, je ne suis pas compétente en la matière. Et c’est particulièrement le cas pour tout ce qui vient d’Orient en art, particulièrement pour le Japon. La plupart du temps, j’ai du mal à comprendre la portée du travail de l’artiste, ou je n’ai pas les références culturelles suffisantes pour apprécier l’art japonais à sa juste valeur. J’avais beaucoup apprécié une exposition je ne sais plus où il y a quelques années, mais j »étais quand même sortie de là avec l’impression d’avoir vu 300 fois le mont Fuji sous toutes ses coutures possibles et inimaginables.

Du coup, je ne vous cache pas que j’étais un peu curieuse de voir ce que pouvait bien donner une exposition dédié à un artiste japonais spécialiste du laque (et non pas de la laque, celle là sert à faire des objets, pas à se la coller dans les cheveux pour arrimer une coiffure sophistiquée).
J’avais en tête en arrivant des histoires de Feist (pas sur Mikdemia), mais dans l’univers des Tsurani, et particulièrement la découverte des premiers objets en laque – résistants comme une armure d’acier et légers à la fois. Je n’ai donc pas été spécialement surprise de constater qu’il est possible d’imiter diverses matières (le bois, le cuivre, etc.) avec de la laque. Encore faut il le faire, et c’est l’aspect prouesse technique qui m’a un peu scotchée dans les trompe-l’œil présentés dans cette exposition qui permet de découvrir Shibata Zeshin – artiste multi-talents reconnu pour sa maîtrise de l’art du laque.

Un mot avant de vous narrer mes péripéties dans l’exposition : enfin ! enfin ! enfin une mise en scène qui valorise les œuvres ! La lumière est parfaite, on peut circuler facilement entre les oeuvres, et les différentes salles sont agencées de manière intelligente, proposant ainsi un parcours qui reflète bien la diversité du travail de l’artiste.

Artiste multi-talents, Shibata Zeshin est à la fois laqueur, peintre et poète (même si ses haikus ne sont pas exposés – ça fait partie des détails supplémentaires qu’on peut découvrir dans le superbe livre de l’exposition). Rien que ça !
Né en 1807 et mort en 1891, Shibata Zeshin (qui a changé plein de fois de nom, de pseudonyme, ou je ne sais pas comment on peut qualifier ça puisque je n’y connais rien en japonais et en culture japonaise) a été l’un des artistes qui a permis de découvrir l’art japonais – notamment au cours des expositions universelles.

De ce que j’ai pu en lire sur les murs de l’exposition et dans le livre de l’exposition, son art oscille entre tradition et modernité que ce soit dans les thèmes traités ou la manière de les traiter. Le thème de l’exposition étant clair, c’est à ses talents d’artiste du laque (le terme d’artisan me paraissant un peu léger …) que l’on s’intéresse. On peut donc admirer de superbes pièces, objets de la vie commune (ou rituels) tels que des boites et récipients diverses et variés. Mais dit comme ça, on passe à côté de toute la technique et de la finesse des objets présentés. J’ai beaucoup apprécié la finesse des dessins dans le laque, qu’il s’agisse de reliefs, de mise en lumière (notamment avec de la feuille d’or, des morceaux de coquillages ou de nacre) et des petits détails (des insectes dans une branche, un mouvement qu’on peut imaginer dans le dessin).

Mais ce qui m’a le plus surprise, c’est les peintures.
Tantôt traditionnelles, tantôt totalement originales dans ce que j’imagine être la dominante artistique de l’époque : certaines sont faites à l’encre, et d’autres sont faites avec du laque.
Sérieusement ! Peindre avec du laque coloré, appliquer de l’or, et avoir une telle finesse dans le dessin en même temps … ça m’a un peu laissée comme une carpe de compétition, scotchée devant les murs du musée Cernuschi.

J’aurais du mal à vous dire précisément ce qui m’a touchée dans ces tableaux, mais j’ai adoré chercher dans chacun le détail qui fait tout : une plume, un insecte, un sens de mouvement donné à une feuille ou à un volume d’eau… Je ne sais pas si c’est vraiment le terme approprié, mais j’ai également beaucoup apprécié le regard de l’artiste, que ce soit dans ce portrait de faucon qui se regarde dans une cascade (oui, oui, sérieusement), dans une nature morte pleine de légumes, ou du spectacle d’une sauterelle avec une fleur de potiron, ou des les oreilles bien rondes d’une chauve-souris volant au dessus d’un champignon gigantesque (supposé vivre 1000 ans, et donc un symbole de longévité)… des chiots dans la neige, ou de l’oiseau perché sur sa glycine ou l’air souriant des poupées.

L’exposition est complétée par un film / documentaire sur les techniques utilisées pour la production d’objets en laque : instructive, bien structurée, claire : on découvre (même si on s’en doutait un peu) la rigueur nécessaire à la confection d’objets en laque, et surtout les différentes étapes (qui sont toutes fondamentales et qui nécessitent au minimum 25 ans de pratique).

J’ai beaucoup apprécié cette exposition, et vous recommande sérieusement d’aller y faire un tour avant qu’elle ne se termine. En plus, le musée Cernuschi est un très bel espace, et vous pourrez aussi aller voir la collection permanente (et vous prendre une claque en face du Bouddha géant et des poteries plus qu’anciennes …). En bonus, si il fait beau, vous pouvez aller faire un tour au parc monceau situé à une minute du musée histoire de conclure la visite en beauté ! Pour les informations pratiques, tout est sur le site du Musée.

4 commentaires leave one →
  1. pevtssa permalink
    14 avril 2012 08:43

    un bon moment de poésie et de finesse, cela donne envie d’y aller ! merci !

    • M-the permalink
      17 avril 2012 07:10

      bon article qui donne envie aux paresseux de se bouger intelligemment!

  2. M-the permalink
    17 avril 2012 07:08

    Merci pour cet article qui donne une fois de plus envie aux paresseux de se bouger!

  3. Moi permalink
    4 juin 2013 15:21

    As usual ….
    Une ancienne vieille collègue de bureau, de guitare débutant et de pause thé à toutes les heures !

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