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L’autre fin du monde – Ibn Al Rabin

8 février 2010

Il n’y a, je suppose, pas de manière sotte de choisir un livre. Depuis que ma médiathèque a transféré les BDs petit format de bacs ineptiques à une bonne vieille bibliothèque, j’ai une vue globale de l’offre et je peux enfin choisir grâce à des critères irrationnels. La semaine dernière, je me suis dit « Tiens, si je prenais le plus gros pavé ! ». Je l’ai repéré rapidement : format Seigneur des Anneaux éditions Bourgeois ; dans les transports, si tu le tiens d’une main, ton bras lâche dans les cinq minutes.
Ça s’appelle L’autre fin du monde, de Ibn Al Rabin. Je me dis, tiens, un auteur arabe, en BD ça court pas les rues, je vais le prendre ! En fait, il s’agit d’un Suisse qui vit en Argentine. Donc pas aussi moyen-oriental que j’attendais.

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La première impression en feuilletant le livre, c’est : boarf, une page pleine du même dessin qui ne bouge pas, c’est pas génial. Là, un dialogue minimaliste… J’ai failli le reposer. Et puis je me suis dit « Eh, Ragou, – oui, je me parle à moi même avec le petit nom de mon pseudo – Eh, Ragou, donc, tu ne vas pas faire ton vieux réac, allez tu le prends ». Grand bien m’en a pris.

L’autre fin du monde, c’est Lewis Trondheim qui aurait rencontré XKCD. Des dessins simples, mais surtout la fraîcheur, l’inventivité, l’humour du Trondheim des débuts (celui qui venait pour révolutionner les choses, pas pour imposer sa vision old school – papier et payant – à l’internet).

L’autre fin du monde, c’est un pavé de plus de mille pages qui se lit très rapidement. L’histoire d’un homme qui a perdu sa femme, qui a du mal a tourner la page. L’histoire d’un fantôme silencieux dont on se sait pas ce qu’il veut. L’histoire de plein de personnages qui vont se greffer petit à petit, dont les motivations sont plus ou moins cachées et dont on voudra connaître les tenants et aboutissants.

Comme il est beau, on dirait Romain Duris 🙂

L’autre fin du monde, ce sont des dessins simples mais fins, et agréables. C’est une narration très intelligente, basée notamment sur la gestion des silences, la répétition des cases, la position parfois improbable des phylactères (les bulles), qui rendent le récit bien plus vivant que tout ce qui m’a été donné de lire en bande dessinée : on a l’impression de regarder un film tellement c’est fluide, intuitif, évident. Et plein d’émotion.

L’autre fin du monde, c’est enfin un auteur drôle et hors du commun. Je vous invite fortement à aller explorer ces deux précédents liens, dont son site internet. Il est probable que vous en tombiez amoureux.

Si je n’ai pas été assez clair, lancez-vous sans hésiter dans cette expérience graphique, drôle et humaine.

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5 commentaires leave one →
  1. Raniver permalink
    8 février 2010 06:35

    La vie est-elle possible lorsque la personne qu’on aime n’existe plus ?
    C’est à cette question qu’Ibn Al rabin tente de répondre avec L’autre fin du monde ?

    • Lien Rag permalink*
      8 février 2010 09:14

      L’histoire part de là (et d’ailleurs ce gros pavé est inspiré par un petit comic sur le même thème qu’il avait fait il y a longtemps), mais ensuite IAR divague et improvise sur d’autres thèmes, d’autres histoires qui vont s’entrecroiser. On ne peut pas s’empêcher de le comparer aux « Carottes de Patagonie » de Trondheim.

  2. Syracuse Cat permalink
    8 février 2010 10:11

    Voilà qui tombe à pic, je n’avais plus rien à lire, mais pas d’inspiration pour aller à la médiathèque ! Enfin, j’espère qu’ils l’auront !

  3. phylacterium permalink
    9 février 2010 08:32

    C’est exactement l’album que je feuillette, que je repose, que je refeuillette, que je rerepose, chaque fois que je vais me choisir une BD… Du coup, je ne l’ai jamais lu. Après avoir lu ton article, j’aurais sûrement plus de courage !

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