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Science Fiction Infuse (3) – Dune de Frank Herbert

20 mars 2010

Dune, la planète de sables… et de l’épice permettant de prolonger la vie. Roman publié en 1965, ce livre, outre le fait qu’il met en œuvre une épopée romanesque sur plusieurs milliers d’années, s’ouvre également sur des dimensions telles que la politique, la psychologie, l’économie, l’écologie, voir même le féminisme, ce qui fait de cette fresque de science-fiction un chef d’œuvre qui nous permet, encore aujourd’hui et surement pour longtemps, de réfléchir à nous même.

Dune est une formidable œuvre de science-fiction… Mais toi, petit scarabée, tu lève des yeux implorants au ciel rien qu’a l’idée de lire un livre de 200 pages ? Mais pourtant tu aimerais pouvoir participer aux discussions des tes amis ?  (Des conversations qui tomberaient par hasard sur la science-fiction ? quelles idée aussi de fréquenter des gens comme ça …) Enfin bref, j’ai pensé à toi, et fait un point spécial résumé pour petits scarabés avide de connaissances 😉

  • Synopsis

Pour caractériser, on peut dire que Dune est un space-opéra, tout comme Hypérion, avec un empire féodal aux milliers de planètes, dirigé par un empereur. Mais comme pour Hypérion, Dune, c’est bien plus que cela. Les humains ont renoncé à utiliser des « machines pensantes » suite à leur mise en esclavage par des intelligences artificielles dans un passé reculé. Suite au Jihad Butlérien, l’humanité s’est finalement libérée de l’influences des machines, et a rendus les voyages interstellaires possible en utilisant une substance étrange, l’Épice, que l’ont ne peut trouver que sur la planète désertique Arrakis, surnommée Dune.  La fresque s’ouvre en l’an 10191 après la création de la Guilde Spatiale, lorsque le Duc Léto des Atréides (oui, les descendants d’Atrée, tout comme Agamemnon et Ménélas, les protagonistes de la guerre de Troie), se voit confier le protectorat de la planète Dune. Récompense au premier abord, il s’avère qu’il s’agit en fait d’un piège des ennemis ancestraux du Duc, les Harkonnens. Le Duc meurt dans un coup d’état, mais sa concubine, Dame Jessica, de l’ordre des Bene Gesserit, et leur fils Paul, âgé de 15 ans, parviennent à s’enfuir et à trouver refuge auprès des Fremens du désert. C’est là que l’avenir de Paul et de l’univers entier se jouera…

♥ Petit Scarabée : L’histoire de Dune se passe dans très très longtemps, dans un monde composé de planètes colonisées par les humains, qui ont renoncé aux intelligences artificielles. Dune est le surnom de la planète Arrakis, car entièrement recouverte de sable,  qui se retrouve au milieu d’une lutte de pouvoir et complot entre les Atréides (les « gentils ») et leurs ennemis ancestraux, les Harkonnens (les gros gros « méchaaants » !). Cette lutte aura des résultats inattendus pour l’avenir de l’univers.


  • Les concepts

Le monde de Dune n’étant pas un monde d’une simplicité limpide (vous commencer à vous en douter …), quelques notions sont utiles pour l’appréhender :

L’Épice :

Appelée également le Mélange. L’Épice est une substance produite exclusivement par la planète Dune. Comment ? Nul ne le sait… Pour l’instant. C’est une sorte de drogue qui prolonge la vie des humains, les protège de nombreuses maladies et peut également modifier leur organisme. Certains humains peuvent muter et obtenir une sorte de prescience qui facilite alors les voyages interstellaires.  Il se chuchote également que l’Épice permettrait aux humains de d’obtenir une prescience bien plus grande que celle des navigateur de la guilde… L’absorption régulière d’Épice a un effet secondaire surprenant  : des yeux entièrement bleus sur bleus, les « yeux de l’Ibad » .

L’Épice, dont Dune est la seule et unique source est une une substance permettant entre autre une longévité prolongée et une aptitude à la prescience. Bref, c’est trop bien et tout le monde en veut !

Le Jihad Butlérien :

Guerre que les humain menèrent contre les machines pensantes qui les tenaient en esclavage, environs 10 000 ans avant le début de l’histoire de Dune. Depuis ce jour, les machines pensantes sont purement et simplement interdites. Pour pallier à leur manque, des humains ont été formés pour réaliser des analyses en temps record : ce sont les mentats. Son principal commandement, qui figure dans la Bible Catholique Orange, est « Tu ne feras point de machine à l’esprit de l’Homme semblable ».

♥ Les IA ont été purement et simplement éradiquées et sont maintenant interdites. Des humains ont développé la capacité de réfléchir rapidement  de façon analytique : ce sont des mentats, et j’aurais bien aimé avoir cette capacité quand j’étais à l’école…

L’Empire :

Au début de l’histoire de Dune, le monde connu composé de milliers de planètes est dirigé par un empereur féodal, Shaddam IV de la maison Corrino, titre et position acquis lors du Jihad Butlérien. L’Empire est divisé en plusieurs forces : l’Empereur, secondé (et souvent jalousé) par le conseil du Landsraad – Ducs, Barons et Comtes, chefs des maisons majeures et mineurs. On compte également la Guilde spatiale, permettant les voyages interstellaires, la CHOM ou Compagnie des Honnêtes Ober Marchands, la structure économique unique de l’Imperium qui régit tous les échanges commerciaux, ainsi que de nombreuses ordres ou écoles qui tirent leurs épingles du jeu, comme le Bene Tleilax (ordre obscur pouvant soi-disants ressusciter les morts),  l’école de médecins Suk et surtout l’ordre exclusivement féminins des Bene Gesserit. L’esclavage est monnaie courante dans l’empire, plus ou moins bien toléré.

♥ Le pouvoir est féodal, contrebalancé par de nombreuses organisations et ordres. Le pouvoir est héréditaire.


  • Les forces à l’œuvre

L’aspect le plus important de Dune, est, à mon sens,les relations entre les personnages. Tout est centré sur la manipulation. Manipulation d’une personne, manipulation des foules. Chaque parole révèle quelque chose sur celui qui l’a dit, et chaque parole a un but. Dune est un roman « politique », un affrontement entre factions et individus.

Les Atréides :

Les « héros » de l’histoire. Il s’agit de la famille dont le destin va façonner l’univers du monde de Dune. Si je me permets les guillemets, c’est que le terme de « héros » ne convient pas réellement dans ce cas. Pourquoi ? Cela sera à vous de le découvrir. Dans le premier tome, la « communauté » Atréide est composée de personnages fort intéressants regroupés autour du Duc Léto et de son fils Paul. Outre sa concubine, Jessica, de l’ordre des Bene Gesserit (ils ne sont pas mariés pour des raisons politiques), il y a Duncan Idaho, ancien esclave des Harkonnens et guerrier hors pair, Thufir Hawat le  mentat, Gurney Halleck, guerrier et poète, ainsi que Wellington Yuek, médecin Suk. Parmis eux, un traitre…

♥ Les gentils !

– Les Harkonnens

Ennemis mortels des Atréides, héritiers d’une haine remontant à l’origine du Jihad Butlérien. Au moment du premier tome, le chef de la maison Harkonnen est le Baron Vladimir, énorme tas de graisse à l’intelligence et au goût du sadisme immenses.

♥ Les méchants qui veulent faire la peau à Paul et Jessica.

– Les Fremens

Premiers émigrants sur Dune, ils se sont remarquablement adaptés à la planète hostile. C’est un peuple dur, où la faiblesse n’est pas tolérée. Tout est centré sur l’eau, source de toute vie et si rare. Les Fremens utilise un distille, vêtement de leur fabrication, pour recycler au maximum leurs pertes d’eau. Les cadavres (humain compris) sont également recyclés pour récupérer leurs eaux. Tuer pour l’eau est monnaie courante, tout comme a contrario verser une larme pour quelqu’un est un acte symbolique immense. Ils sont les premiers consommateurs d’Épice et les plus aptes à la récolter. Ils savent reconnaitre l’arrivée d’un ver du désert (appelé étrangement un « faiseur »), et même le chevaucher. Un de leurs rêves est de réussir à adapter la planète à l’eau.  On ne peut pas passer à côté du fait que leur culture tient beaucoup des Touaregs, habitants du désert également – mais moins violents : -). Les Fremens utilisent beaucoup de termes arabe ou de consonance arabe, le premier étant celui du « Jihad ».

♥ Le peuple du désert de Dune, où se réfugieront Paul  Atréide et sa mère Jessica, enceinte.

– Le Bene Gesserit

« L’ordre » de Dame Jessica est un bien étrange ordre. Exclusivement féminin, sa devise est : « Elles n’existent que pour servir« . Le Bene Gesserit se charge de fournir concubines distinguées et talentueuses aux grands de ce monde, ce qui leur permet d’avoir une vision interne et une influence sur les affaires qui se trament. Dans l’ombre, elles ont en fait leur propre agenda. Suivant les lignées génétiques humaines, elles cherchent à faire apparaitre le Kwisatz Haderach, mâle prescient qui pourra voir ce qu’elles ne peuvent pas.  Elles ont à leur dispositions de nombreux talents, comme celui d’entièrement maîtriser leurs corps, ce qui leurs permet de résister à de nombreux poisons, ou alors de choisir le moment de tomber enceinte ainsi que le sexe du fœtus. (Talent bien pratique lorsque l’on s’ingénie à suivre un programme génétique…) Elles possèdent également la « Voix », contrôlant les esprits, pouvant ainsi donner des ordres en étant sûres d’être obéies. Elles utilisent également les religions afin de manipuler les populations locales des  différents mondes. Certaines d’entre-elles sont capable de déceler la vérité dans vos propos, et d’autres ont même accès à leur « mémoire seconde », la mémoire de tous leur ancêtres féminins. Les Bene Gesserit sont élevées ensembles, loin de leur parents. Elle se méfie de l’amour, tout comme des autres émotions, et doivent l’éviter comme la peste. Cependant, Dame Jessica, commettra « l’erreur » de tomber amoureuse de son Duc. Pour lui, elle lui donnera un fils, Paul, plutôt que la fille que ses sœurs attendaient. Cette fille était prévue pour être la mère du Kwisatz Haderach. La « faute » de Jessica serait-elle à l’origine des événements de Dune ?

Elles sont à l’origine également de la « Litanie contre la peur », refrain leur permettant d’éliminer la peur de leur décisions.

Je ne connaîtrai pas la peur, car la peur tue l’esprit. La peur est la petite mort qui conduit à l’oblitération totale. J’affronterai ma peur. Je lui permettrai de passer sur moi, au travers de moi. Et lorsqu’elle sera passée, je tournerais mon œil intérieur sur son chemin. Et là où elle sera passée, il n’y aura plus rien. Rien que moi.

♥ Organisation féminine aux puissants pouvoirs, intriguant pour créer par sélection génétique un être « supérieur ». Dame Jessica en est issue. Ces femmes ont des capacités bien étonnantes, et ce livre, écrit dans les années cinquante développe des points de vue bien intéressants sur la « condition féminine ».  En tout cas la possibilité de choisir de tomber enceinte ou pas par simple pensée serait un réel avantage.

  • Un avis …

Dune est un « grand » livre, rien qu’avec la richesse de son contenu, de ses concepts, de ses idées. J’ai particulièrement aimé les extraits de livres ou les citations en début de chapitre qui donne un éclairage nouveau aux événements décrits. La façon d’aborder les personnages, de voir leurs relations et la manipulation constante sous-jacente est magistrale. On apprends beaucoup sur nous, notre manière de réfléchir, d’appréhender des situations. Mais cette caractéristique qui fait de ce livre un livre « incontournable » est aussi ce qui le déshumanise. Je trouve en effet qu’il est difficile de s’identifier, d’aimer, d’accompagner des personnages qui paraissent aussi froid que de la glace. Passé le premier tome, où on pouvait encore s’attacher aux personnages, il devient difficile d’apprécier Paul dans son rôle d’empereur, ou de comprendre sa sœur Alia et sa lutte contre la folie. Son fils est quand à lui encore plus indéchiffrable. La fin de la série redevient plus abordable, avec la communauté de sœurs du Bene Gesserit qui apparaissent plus humanisées qu’à leurs débuts, peut-être par contraste avec les Atréides.

Par contre, j’ai encore moins accroché à la suite, proposée par le fils de l’auteur, même si d’un côté, c’est agréable d’avoir plus de clés en main sur l’univers proposé.

Dune est un livre qui apporte de très nombreux concepts à la surface et offre une manière intéressante d’appréhender le monde. L’auteur prend un parti pris de rendre « froids » ses personnages… et il y réussit très bien. Le premier tome est à lire,  je laisse cependant la suite à votre appréciation…

  • Les livres (spoiler inside !!)

– Dune : L’arrivée de Paul et Jessica sur Dune

– Le messie de Dune : Paul, devenu empereur, doit faire face à ses nombreux ennemis… et alliés.

– Les enfants de Dune : Ghamina et Léto, les jumeaux de Paul et Chani, continue l’œuvre du père.

– L’empereur-dieu de Dune : La fin du très long règne de Léto, le commencement de la « route pavée d’or ».

– Les hérétiques de Dune : Les Bene Gesserit doivent faire face à des « furies » revenues de la dispersion. A leur côté, on retrouve un Bashar Atréide et un ghola de Duncan Idaho pas comme les autres.

– La maison des mères : Les Bene Gesserit font renaître Dune sur leur planète.


Suivi de :

(écrit par Brian Herbert, le fils de Frank Herbert et Kevin J. Anderson)

– Dune la genèse : Le Jihad Butlérien

– Avant Dune : L’histoire du Duc Léto dans sa jeunesse et ses premières confrontation avec les Harkonnens.

– Après Dune : La suite de la maison des mères.

10 commentaires leave one →
  1. 20 mars 2010 12:18

    Dune est un de mes premiers bouquins de SF, souvenirs souvenirs.
    Je dois dire que ayant jeté un oeil sur la « suite », franchement, ça ne vaut pas la peine de lire ça.
    Déjà, je n’étais pas d’accord avec le parti pris du fiston, mais en plus c’est mal écrit (CHARRETTE !!), lourd, bref…ne poussez pas le vice Dune jusque là.
    Marrant ce que tu dis sur les personnages de la série originale par contre, moi c’est les premiers tomes où j’ai trouvé les personnages un peu gnian-gnians, j’aime mieux Paul Empereur que rookie… Mais ça doit être mon côté Machiavel.
    Comme toujours, très bon article, mais il manque une image fondamentale :

    • Makuchu permalink
      22 mars 2010 09:13

      Ce chat est trop … machiavélique ! 🙂

  2. DeD permalink
    21 mars 2010 15:35

    Très bon article \o/ !
    Honte sur moi, faudrait que je le relise : lu en 5°, il m’avait très fortement marqué, bien que j’aie dû passer à côté de plein de trucs à l’époque.

    Maintenant que Fondation, Hypérion et Dune ont été faits, je suis curieux de voir la suite : du bizarre, peut-être ? Ou d’autres classiques moins connus ?

    • Makuchu permalink
      22 mars 2010 09:11

      On compte sur toi pour les articles « bizarres » !

  3. 22 mars 2010 09:07

    Et dire que je ne l’ai toujours pas lu… Shame on me. D’un autre côté, j’attends toujours la suite d’Hyperion, la lala lala^^

    • Makuchu permalink
      22 mars 2010 09:12

      La suite arrive, elle aime juste se faire désirer …

  4. stef808 permalink
    22 mars 2010 21:31

    Again… Très Bon article et Merci ! 🙂
    J’ai toujours été attiré par l’univers de Dune… Jeune padawan que je suis, je ne connais que le film et j’ai toujours du mal à le regarder : j’ai envie mais je n’y arrive pas et je ne comprends pas ! ET CA M’ENERVE !
    Peut-être que le livre arrivera, lui, à me plonger dans cet univers étonnant. Je ne perds pas espoir !! 😀

  5. Nadège permalink
    13 janvier 2013 14:48

    Cet article sur Dune est très bien fait. Et rien que ça c’est un exploit, parce que décrire aussi clairement l’univers de Dune, c’est vraiment pas facile.
    Par contre, j’ai juste une remarque à faire: c’est très mal d’inciter les gens à ne pas lire ce livre et à se contenter de ce résumé (aussi bien fait soit-il)! Personnellement j’en suis à ma troisième relecture, et je sens qu’il y a toujours une majorité de détails qui m’échappent. Et je le relirais obstinément jusqu’à ce que je sois enfin capable de le comprendre! (je n’ai que 20 ans, j’ai donc encore (pour l’instant) l’espoir que mon intelligence et mes connaissances évolueront encore)
    Bref, c’est un livre d’une intelligence rare, à lire absolument!

  6. phenix permalink
    9 février 2013 05:01

    Un excellent article pour nous autres poussières cosmiques!
    J’en suis à ma Xième lecture et je redécouvre à chaque fois la même passion, cette saga est aussi celle de la vie d’un humain (en l’occurence FH) et décrit de manière subtile la dynamique que traverse l’esprit humain, « éveillé » en quête de vérité et d’immortalité, lors de son bref passage dans l’univers.

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